L'ombre progresse au travers de la clairière. A quelque distance, le château tremble sous les assauts du vent. La silhouette s'approche, écoute longuement puis franchit prudemment une porte délabrée qui oscille sous les bourrasques.
L'intérieur est baigné par la musique du silence. Un escalier étroit conduit à l'interminable et obscur couloir. Les habitants semblent s'être volatilisés. Une grande horloge marque le moment où leurs vies se sont figées pour toujours. La broderie est encore en place sous l'antique machine à coudre. La table du salon regorge d'une multitude de souvenirs poussiéreux. Cartes postales, photos et lettres rappellent qu'il y a des années, la vie existait dans la demeure.
Sans bruit, le visiteur repart. Le manoir retrouvera une paix précaire, parfois troublée par les pillards qui, lentement, le transformeront en une carcasse lugubre et vide.