La fin de l'été prélude à l'explosion des couleurs qui métamorphoseront la forêt en un flamboiement d'ors et de rouges. Il règne encore une douce chaleur qui enveloppe le pied de la falaise à laquelle mène un sentier abrupt.
D'une large déchirure dans la paroi, un air froid prépare déjà ceux qui vont plonger vers la cavité à la découverte d'un monde inattendu, sombre et confusément hostile.
La grotte est démesurée, la lumière s'y perd rapidement et laisse place à la nuit. Quelques vestiges du passé apparaissent. Des passerelles de bois que l'humidité et les moisissures achèvent de désagréger, s'accrochent encore aux parois ruisselantes.
Comme quelques griffes malveillantes à la recherche de leurs proies des tiges de métal tordu jaillissent des murs calcifiés. Elles supportaient jadis les poutres maîtresses des pontons aménagés qui permettaient d'explorer la grotte deux siècles plus tôt.
Les galeries résonnent encore des cris d'émerveillement de la jeune aristocrate inexpérimentée qui découvrait ce monde et ses merveilles, frissonnait de plaisir en admirant les concrétions et les cascades pétrifiées noyées dans l'obscurité.
L'expression du ravissement se teintait parfois de légers cris de peur ou de douleur lorsque la belle imprudente heurtait la paroi de la tête, qu'un genou se blessait contre la roche ou que la robe de crinoline, bien peu adaptée à l'exploration souterraine, était retenue par quelques concrétions torturées.
C'était le début d'une passion qui allait orienter sa vie vers la découverte de toujours plus de merveilles souterraines...