L'entrée que nous pensons avoir localisé se situe probablement dans les fourrés prêts desquels nous approchons. Rapidement, une ouverture apparaît à 6 mètres en contrebas.
Non loin de là, un habitant nous observe. D'abord méfiant, il devient vite volubile lorsque nous lui apprenons que nous venons explorer cette carrière d'extraction de pierres. Il est un des derniers à avoir pratiqué la culture des champignons dans ce réseau et nous confirme ce que nous savions de l'étendue de cette carrière. Elle passe sous les vignes, les maisons et plusieurs ouvertures sont connues dans les hameaux environnants. D'après nos informations, l'endroit aurait une superficie de plus de 180 000 m2 sur plusieurs niveaux. Un réseau énorme.
Les souvenirs de notre interlocuteur font ressurgir l'époque où il arpentait les couloirs. Il semble cependant n'avoir visité qu'une petite partie des galeries et mentionne quelques endroits remarquables, des couloirs inondés et des voûtes qui se seraient effondrées. Nous le remercions et partons découvrir le réseau.
L'accès est au bout d'une pente inclinée d'une trentaine de mètres. Comme souvent, ce chemin abandonné depuis des dizaines d'années est envahi de ronces et d'une végétation luxuriante. Les fougères verdoyantes semblent se plaire à cet endroit où température et humidité sont modifiées par la proximité du réseau souterrain.
Les premiers mètres révèlent un ciel dégradé et plusieurs effondrements. La voûte s'est écroulé ne laissant que d'étroits passages par lesquels nos lampes dévoilent des couloirs qui se perdent dans l’obscurité.
Nous découvrons bientôt des inscriptions et dessins dont un très beau trois-mats muni d’une cheminée. Près du navire, une date, 1880.
La carrière possède au moins deux niveaux qui communiquent par des pentes et des puits d’accès.
Au niveau inférieur, un gros travail de creusage de canal a été effectué pour acheminer l’eau au travers des galeries. Des planches en bois permettent de franchir ce canal qui fait parfois plus d’un mètre de profondeurs.
Certaines parties de galeries sont inondées et l’immobilité de l’eau a permit de créer des fleurs de calcite qui flottent à la surface.
Les couloirs utilisés par les champignonnistes sont encore jonchés de sacs de fumiers sur lesquels les champignons étaient ensemencés. La culture semble avoir été effectuée à grande échelle car d’imposantes machines sont encore en place, peu à peu absorbées par la rouille : ventilateurs, tuyaux, pompes et moteurs.
Après 8 heures de découverte, nous ressortons par un autre accès dans un hameau voisin, sans avoir terminé l’exploration. D’autres dessins et inscriptions restent à découvrir dans les profondeurs de ce labyrinthe.