Un lointain cri de rapace extirpe le promeneur de sa marche léthargique. Effrayé, l'oiseau propage sa peur aux hôtes de la forêt qui s'enfuient en désordre.
La torpeur s'estompe et le regard de l'intrus, soudain en alerte, balaie le paysage. Il s'attarde un instant sur quelques maigres arbres qui émergent de l’enchevêtrement de végétation acérée. L'œil chemine de buissons en taillis, de cimes en bosquets. Il plonge dans de sombres tunnels de verdure et s'arrête enfin sur une haute façade de pierre dont les cheminées déchiquetées partent à l'assaut des nuages.
Des tours calcinées escaladent les cieux, comme autant de poings rageurs dressés en un dernier sursaut de révolte. La disgrâce a frappé le palais qui devient lentement un chaos de bois, de verre et de pierre.
Au fil des années, la végétation se referme inexorablement sur la construction exclue de la mémoire des hommes. L'édifice hurle silencieusement sa détresse dans l'indifférence d'un monde qui l'a oublié.