Nous partons à deux, explorer une carrière de pierres en Gironde. Vers 11h, nous arrivons dans la cuvette qui constitue l'entrée principale de la carrière. De nombreuses ouvertures laissent pénétrer la lumière qui colore les cavages de teintes allant du bleu à l'orange.
Dès l'entrée, je suis impressionné par l'emprise de la végétation sur la pierre. Des lianes descendent des plafonds, ou sont incrustées dans les moindres anfractuosités de la roche. De grandes fougères dépassent des murs végétaux exubérants qui encadrent les ouvertures. Cette jungle nous fait oublier la civilisation que nous venons à peine de laisser derrière nous.
Les galeries partent à l'horizontale dans la roche sauf une entrée qui plonge sous les autres mais qui s'avère bientôt bloquée. Nous choisissons donc une des galeries dont les piliers sont marqués de flèches noires, semblant nous inviter à la visite.
Le réseau ne semble pas présenter d'embranchement majeur. La carrière se déploie sur un seul niveau, facilitant notre orientation.
A de nombreux endroits, des cavités creusées par l'homme ont permis de créer des puits d'accès à l'eau qui affleure. Au dessus de nos têtes, des ouvertures trop étroites pour être praticables, créent un courant d'air nous laissant supposer qu'elles remontent jusqu'à la surface. J’ai du mal à savoir si elles sont naturelles tant leur étroitesse ne me permet pas de comprendre comment elles auraient pu être creusées de la main de l’homme.
De nombreuses "piscines" se dévoilent. Certaines, emplies d'une eau limpide, donnent l'impression d'être dans la cave d'une maison d'architecte et non dans une carrière de pierre!
Après une séance photo sur une "plage" souterraine, notre progression nous amène dans un couloir de pierre qui sera l'occasion de tester de multiples éclairages ainsi que de parfaire la connaissance de notre nouvel appareil photo. En effet, nous avons tous les deux un nouveau jouet.
Nous passons près d'une heure en expérimentations photographiques et recensons, également, les nombreux poèmes peints sur les murs par les carriers ou les champignonnistes.
Les inévitables chauve-souris s'accrochent au plafond. Certaines, éveillées, filent dans l'obscurité.
Les couloirs sont éclairés par plusieurs ouvertures vers l'extérieur. La plupart de ces entrées sont effondrées ou comblées par des amas artificiels de roches. L'une des ouvertures semble provenir d'un fontis dans lequel une végétation exubérante s'est développée. En cet endroit, véritable oasis de verdure, les carcasses de deux voitures anciennes finissent d'être absorbées par les végétaux. Une vision de fin d'un monde. Superbe ...
Pause repas avant d'aller photographier cette fusion entre le végétal et les carcasses. Nous sommes confortablement installés au milieu d'un couloir équipé de bancs de pierre. Nouvelle séance photo et discussions à la lueurs des bougies. Le silence est total, renforçant cette sensation d'être les dernières personnes sur terre.
Nous rentrons sans encombre et revenons à l'entrée de la carrière où nous découvrons avec surprise les restes d'un ancien squat tout confort. Cinq ou six fauteuils, des étagères et un frigo meublent une pièce proche de la sortie. Le squat a dû être de longue durée, mais ce qu’il reste des tissus est désagrégé par l'humidité ambiante.
Les volumes énormes des voûtes de l'entrée nous donnent l'occasion de photos panoramiques mais nous avons malheureusement oublié d'être présents sur ces photos, ce qui aurait pu donner une idée des dimensions des piliers. Les plus grandes colonnes de cette cathédrale minérale doivent atteindre une quinzaine de mètres de haut.
Après avoir passé environ 7 heures sous terre, nous nous promettons de revenir pour compléter notre reportage photographique.
Dix sept printemps couronnaient son front pur d'une chaste beauté
Ses grands yeux d'azur, sa démarche sereine
Allumaient tous mes sens d'un feu de volupté.
Oh que je voudrais filotte que je file,
Lui disais-je tout bas, tomber à vos genoux.
Elle m'a répondu tu n'es qu'un imbécile
Viens donc chez moi mon cher. Je ne prends que 20 sous.